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YAOUNDÉ : UN SERIAL KILLER DÉCIME LA FAMILLE OMGBA ZING

Il ne se passe plus une année sans que la famille du feu Martin Omgba Zing ne perde l’un de ses membres. Plusieurs cas de décès les uns aussi tragiques que les autres ont été enregistrés ces dernières années. Après des investigations menées par la famille, le récidiviste meurtrier ne viendrait pas de loin.

En effet, après la découverte du corps d’un autre enfant Omgba Zing en juillet dernier, le quatrième de la trop longue série depuis 20 ans, les langues se sont de nouveau déliées pour accuser de meurtre l’un des frères, Aubert Joseph Martin Mboa en l’occurrence, et une sœur utérine, Marie Laure Mballa. Des accusations portées par un autre frère, avocat, et d’autres membres de la famille. Lesquelles n’ont pas suffi à déclencher, comme on serait en droit de l’espérer, une enquête visant à faire la lumière sur cette suite de morts brutales jamais élucidées.

« Le psychopathe qui décime mes frères et sœurs. N’oubliez jamais ce visage. Ce monstre a assassiné Alain Joseph Omgba Zing, Christelle Corinne Omgba Mballa, Titus André Fouda Omgba, Béatrice Nguélé, sans jamais être inquiété par la justice camerounaise. Toutes les plaintes déposées contre inconnu ou contre lui se sont perdues dans la nature. Béatrice sera la dernier (sic) vie que tu auras ôtée à notre famille Mvog Tsogo », pouvait-on lire le 24 juillet 2022 sur la page Facebook de Omgba Nsi Patrice. Page transformée en mur de lamentations. Le lieu d’un cri de désespoir curieusement inaudible pour les autorités.

Le dernier corps sans vie est en effet découvert en mi-juillet. Le récit du drame est porté sur la page Facebook de l’homme public Vincent Sosthène Fouda : « Le lundi 18 juillet 2022, à 10h30, derrière l’épaisse clôture de la résidence du fondateur du Tonnerre Kalara Club Martin Omgba Zing et en l’absence de 80% de cette nombreuse famille Mvog Ada, une dalle latérale est posée pour matérialiser la fin du séjour terrestre de Béatrice Nguélé, (…) née le 8 septembre 1962 de l’union entre le patriarche Mvog Ada et de Edzimbi Bernadette Thérèse. (…) Béatrice Nguélé menait une vie paisible dans la ville de Yaoundé où elle occupait un appartement familial, dans l’immeuble siège de la Ligue professionnelle de football (ancien Snec Omnisports). C‘est là, dans cet immeuble que son corps a été découvert le dimanche 17 juillet à 14h par ses nièces et neveux inquiets de ne pas la voir de toute la fin de semaine. Elle était là, seule dans son salon, couchée dans le canapé, abandonnée à elle-même, abandonnée de toutes et de tous, abandonnée face à la mort. Elle, fille d’une si nombreuse famille. Personne pour la rassurer au moment de passer de ce monde à l’autre. Abandonnée face à ses bourreaux, sans défense ! » Ses bourreaux, souligne ce proche de la famille. Et le journaliste et politique de renseigner : « Si Bernadette Omgba Zing (l’épouse de Martin Omgba Zing, père de Béatrice) est décédée dans son lit de malade le 6 juillet 2017, elle a laissé derrière elle, une famille qui avait commencé à vaciller ».

Lorsque le corps sans vie de Béatrice est découvert, Aubert Joseph Martin Mboa est aussitôt informé. Plutôt que de se rendre à l’appartement, il court à la gendarmerie chercher des gendarmes en vue de l’enlèvement de la dépouille. « Je ne veux pas qu’on m’accuse de l’avoir tuée », se justifie-t-il auprès d’un proche qui ne lui avait rien demandé. Entre temps, la rumeur d’un malaise circule. Ce que réfutent certains proches. Le visage et l’une des mains de la défunte sont d’un noir sinistre. Ils sont tuméfiés. Elle est allongée dans une position qui interroge. Ses téléphones sont en ordre sur la table basse. Ses sandales, très bien rangées, se trouvent un peu éloignées d’elle, derrière un fauteuil (voir photo 1). Le corps sera transporté à l’Hôpital de la Cnps (Centre hospitalier d’Essos) plutôt qu’à l’Hôpital central comme le suggèrent certains membres de la famille. L’inhumation suivra. Sans l’autopsie réclamée par certains parents qui continuent de s’étonner que plusieurs mois après, l’acte de décès et le certificat de genre de mort demeurent un mystère. Ont-ils seulement été établis, s’interrogent certains.

Joseph Alain Omgba Zing

L’inventaire macabre des drames survenus dans cette famille est contenu dans un document dont nous avons pu obtenir copie. Il est établi par Me Patrice Omgba Nsi, l’un des frères, avocat au Barreau du Cameroun. On peut y lire qu’en date du 30 août 2001, le corps sans vie de Joseph Alain Omgba Zing, 34 ans, « est découvert de façon suspecte au domicile familial à Yaoundé. A ce jour, soit 21 ans après cet acte horrible, la famille n’a jamais pu (faire) la lumière sur cet événement Malheureux ».

Christelle Corinne Omgba Mballa

Le deuxième cadavre découvert est celui de Christelle Corinne Omgba Mballa, 38 ans à sa mort, retrouvé le 19 janvier 2012 dans la fosse septique de son domicile au quartier Mimboman à Yaoundé, après quatre (04) jours de recherches. Le même jour, alors que l’affaire fait grand bruit à Yaoundé et au-delà, le corps en décomposition est enterré « par Mme Omgba Zing (?), Mboa Aubert Joseph Martin et Mballa Marie Laure, la fille naturelle (sic) de madame Omgba Zing ». Des policiers aperçus devant la concession familiale veillent. Il n’y aura pas d’autopsie comme le demandent certains membres de la famille divisée. Les rumeurs courent. On parle du meurtre sous le boisseau. « La plainte déposée par la famille auprès de la Brigade de recherches d’Emombo à Yaoundé n’a jamais prospérée. Au contraire, la famille avait été informée que le suspect de cet assassinat, Monsieur Ndjerayom Barthélemy avait été libéré par l’enquêteur en charge du dossier à l’insu du Commandant de Brigade et que, par la suite, l’enquêteur avait été interpelé et détenu à la Sécurité Militaire (Sémil) de Yaoundé ».

2017. Cinq années se sont écoulées depuis l’enterrement de Christelle Corinne Omgba Mballa dans la concession familiale au quartier Fouda. Voici qu’un autre cadavre va venir troubler la quiétude de la famille et la tranquillité du quartier. Titus André Fouda Omgba, 51 ans, est retrouvé mort dans la maison, le corps recouvert de blessures et en état de décomposition. Certains font courir sur le compte du mort qui ne peut plus se défendre, la rumeur selon laquelle il se serait suicidé. La dragée passe difficilement d’autant plus qu’on ne trouve aucune trace de l’arme blanche avec laquelle il se serait mutilé avant de faire un saut périlleux dans le vide comme certains le suggèrent. D’autres sont formels : il a été tué. Curieux que ni Marie Laure Mballa ni le frère soupçonné ne se soient pas rendus compte de cette mort plus tôt, s’étonne-t-on dans le quartier. Le même jour, Titus André Fouda Omgba est enterré. Il n’y aura pas de cris. Les enterrements ici se passent souvent dans un silence porteur de secrets et de non-dits. L’inhumation se déroule sous les ordres de Aubert Joseph Martin, le frère aîné. Peu de larmes. Pas grand monde non plus. Des forces de l’ordre rodent. Les autorités judiciaires ont été saisies. Elles auraient promis l’ouverture d’une enquête au sujet de ce corps mis en terre le jour même de sa découverte. Résultats toujours attendus. Cinq années plus tard.

On apprend dans la note de Me Patrice Omgba Nsi qu’une plainte contre inconnu avait été déposée à la PJ par un parent, le Colonel Fabien Fouda Bekolo, alors chef de la Région de santé militaire à Maroua. Sans suite. Le procureur ayant ordonné à l’enquêteur, soutient l’avocat et frère dépité, « de mettre un terme à l’enquête sans motifs légal ».

Déni de justice

La note fait état de détails curieux sur le plan de la procédure. « En date du 10 juillet 2018, suite à ce déni de justice, une plainte étayée par un rapport d’autopsie pour le moins troublant et des témoignages concordants allant vers la thèse de l’assassinat avait été déposée auprès de Monsieur le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance du Mfoundi, puis par devant le juge d’instruction dudit Tribunal, contre sieur Mboa Aubert Joseph Martin et dame Mballa Marie Laure ». Selon l’avocat, l’enquête (…) révélera qu’au moment de la mort de Titus André Fouda Omgba, « Monsieur Mboa Aubert Martin Joseph, le frère ainé du défunt, se trouvait dans la résidence et curieusement, c’est lui qui informera les forces de l’ordre de la découverte du corps au domicile. Mais contre toute attente, en date du 30 novembre 2020, Monsieur le Juge d’instruction du Tribunal de grande instance du Mfoundi va rendre une ordonnance de non-lieu dans le cadre de cette affaire. Laquelle ordonnance sera confirmée en date du (…) 22 juillet 2021 par l’Arrêt n°35/CI rendu par Monsieur Schlick Gilbert, président de la Chambre de contrôle de l’instruction de la Cour d’appel du Centre. Le juge d’instruction ne va auditionner que 4 personnes (Mboa Aubert Martin Joseph et dame Mballa Marie Laure, Blanche Anaba et Me Omgba Nsi). Ni le gardien de la résidence, ni son entourage proche, ni ses amis, ni les personnes ayant vu le corps ne seront auditionnées. Une autopsie ne sera même pas sollicitée par le juge d’instruction. Tous ces éléments seront soulevés en appel (…) mais ce dernier refusera catégoriquement de rencontrer le plaignant, Me Omgba Nsi Patrice ».

Pour Béatrice Nguélé et ses frères et sœurs qui l’ont précédée sur les théâtres de ces mélodrames jusque-là inextricables, il n’y a pas eu de communiqué, point de programme de deuil, ou encore de jours d’attente. « Elle a été enterrée à la hâte sans aucune explication par son frère Mboa Aubert Martin Joseph, accompagné de Madame Mballa Marie Laure et Monsieur Atangana Omgba Martin Thierry. Ils n’ont pas pris la peine de me prévenir du décès de ma sœur. Aucune autopsie n’a été pratiquée. (…) Aucune cérémonie traditionnelle. En tout cas, on peine à comprendre les fondements de cet empêchement qui prive la famille et certainement la justice de la manifestation de la vérité », fait observer Me Patrice Omgba Nsi. Une plainte aurait été récemment introduite auprès des autorités judiciaires en vue d’une exhumation du corps pour autopsie.

Me Patrice Omgba Nsi

Nous n’avons pas pu avoir accès aux policiers et magistrats cités dans le cadre de cette affaire. Me Patrice Omgba Nsi n’a pas souhaité, quant à lui, aller au-delà de ce qui est contenu dans la note abondamment citée ici. Par contre, nous avons pu avoir au téléphone, après plusieurs tentatives et rendez-vous manqués, Aubert Joseph Martin Mboa, employé de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) en poste à Yaoundé. Après plusieurs tentatives et messages, il a finalement décroché, sur appel avec un numéro autre que celui par lequel nous le sollicitions jusque-là. Deux questions lui avaient été envoyées par Whatsapp. Il les avait lues comme le montraient les deux crochets bleus et s’était mis à écrire durant plusieurs minutes. Un texte qu’il n’enverra finalement jamais. Nous avions deux préoccupations simples. Etait-il au courant du fait que l’un de ses frères, des parents et des habitants du quartier Fouda le désignent comme l’assassin et le bourreau de ses frères et sœurs. Le sachant, pourquoi il ne s’en défend pas publiquement et ne porte pas plainte.

Sa réponse au téléphone, avec cette voix qu’on utilise lorsqu’on ne veut pas troubler le cours d’une oraison funèbre : « Je n’entre pas dans ce genre de débats. Adressez-vous à ceux qui en parlent. Où sont les preuves ? Je n’entre pas dans ce genre de débats. Ce sont des élucubrations. Dans toutes les familles, il y a des schizophrènes et des psychopathes. Dans toutes les familles, il y a ce genre de problèmes. Je vous ai dit que je n’entre pas dans ce genre de débats. Vous êtes journaliste mais vous n’êtes pas obligé de traiter cette question. C’est un monde que vous ne pouvez pas comprendre ».

Aubert Martin Joseph Mboa

L’interrompant à peine, nous lui faisons savoir que nous avons décidé d’enquêter pour essayer d’éclairer les ombres de cette série macabre, d’autant que les accusations sont graves et que le drame se passe dans une famille connue par ailleurs. La réponse de celui vers qui convergent les soupçons est restée immuable. Froide. Avec une voix presque caverneuse : « Je ne rentre pas dans ce genre de débats ».

Pourquoi ne porte-t-il pas plainte, insistons-nous, arguant qu’il serait bien qu’il se défende au moins des accusions qui sont portées contre sa personne. Magnéto : « Je vous ai dit que je n’entre pas dans ce genre de débats. Ce sont des élucubrations. C’est une famille où tout le monde est schizophrène. Vous voyez que depuis qu’ils bavardent, je continue à vivre. Et je vis bien ». Qui « ils » ? Nous n’aurons pas plus de détails. Nous avions été prévenus. Le mis en cause est peu disert, apprend-on dans le voisinage de cette famille qui a tout pour nourrir autant la trame d’un film sur les mauvaises mœurs que sur l’horreur. Films dans lequel, fiction pour fiction, beaucoup s’empresseraient volontiers d’attribuer à Aubert Martin Joseph Mboa, le rôle du fils et du frère adultérin se transformant en amant dérangé, amateur de chair tantôt chaudes, tantôt froides. Long métrage dans lequel pratiques incestueuses, magie noire, sorcellerie, sortilèges, trahisons, omerta, troubles psychiques et assassinats nourriraient la trame d’un scénario à la Hitchcock, pourquoi pas ?

« Faut-il ajouter quelques mots au sordide et au macabre dans cette atmosphère accablante et étouffante où la chaleur accentue la promiscuité des corps, le vice se mêle à la folie, au désordre ? Ils ont tous disparu un vendredi, les corps ont été toujours découvert le dimanche et les enterrements ont tous eu lieu un lundi (…). Une derrière rencontre le vendredi avec des amis et quelques membres de la famille, très souvent dans la grande résidence familiale, scelle toujours le destin fatal de celles et ceux qui vont mourir. L’étau se resserre (…) sur chacun d’eux dans l’indifférence totale de la grande famille Mvog Ada et des autorités camerounaises pourtant habituées de la résidence. Alors qui en veut à la famille du patriarche Omgba Zing ? Qui se cache derrière ces déchirements ? Qui est le constructeur de cette indifférence et qui cultive cette omerta ? Cupidité, déchirements, règlements de compte, chacun, à sa manière, exprime ses rancœurs et ses blessures, ses frustrations. Mais où est le loup et qui tient la hache assassine ? Une famille soudée par la violence. J’aurai aimé donner des noms et attribuer à chacun un qualificatif : jaloux, cupide, mal aimé, extrêmement pervers, nymphomane, manipulateur, détestable ! Oui tout cela est présent certainement en chacun des protagonistes. Il faut avoir le courage d’ouvrir grand le portail et de se regarder droit dans les yeux pour arrêter le cycle de cette mort violente qui risque de contaminer la 4e génération de la famille du patriarche Mvog Ada dans la maison de Ondoa-Ada. Je ne me veux point démiurge pour attirer l’attention des uns et des autres, (mais) ce qui s’est passé dans le poulailler risque de connaître son apothéose dans la canardière », achève « Fouda Prince Menyu M’Ewondo » sur la page Facebook de Vincent Sosthène Fouda le 21 juillet dernier.

A qui s’adressait-il ? Difficile de savoir. Mais dans la foule de questions qui traversent son esprit, il y en a une, terrible. Troublante. Que comprendre de « l’indifférence totale de la grande famille Mvog Ada et des autorités camerounaises pourtant habituées de la résidence ». Que comprendre du silence du Palais.

Par la rédaction avec Thiéry Gervais Gango

Crédit photos : Pages Facebook de Messieurs Omgba Nsi et Mboa

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